gr20 vignetteAprès mon premier GR20 en 2011, je m'étais dit que pour mes 60 ans je le referais bien en compagnie de mon fils Valentin pour vivre une belle aventure en commun.
Ceci a été possible en août 2017 à l'aube de mes 61 ans, et cet article est une série de souvenirs de notre parcours du GR20 en 10 jours. Merci à lui de m'avoir consacré ces 10 magnifiques journées.

Le GR20, c'est 180 km à travers la montagne corse. C'est aussi 14300 m de dénivelé positif. Alors, ça se prépare un peu...
- avant le départ, j'avais préparé des fiches avec le profil altimétrique et des cartes 25/1000 par étapes. Cela a permis à Valentin d'évaluer chaque étape et de nous situer dans la journée.
- j'avais également préparé une check-liste qui s'est avérée parfaite. Rien ne nous a manqué et nous n'avions rien de trop, à part peut-être un surplus de sachets de poudre protéinée avec lesquelles nous sommes revenus. La check-liste et les cartes sont disponibles dans cet article.

- pendant 3 semaines avant le départ, nous nous sommes massés les pieds avec la pommade Akileine NOK, ainsi que tous les matins à chaque étape. Valentin qui est très sujet aux ampoules, n'en a pas eu une seule !
- je me suis entraîné en faisant quelques sorties sur 2 jours avec au minimum 7-8 h de marche par jour, Valentin pas du tout (à part au Pastis...) !
- les sacs à dos faisaient environ 15 kgs avec les 3 litres d'eau. Personnellement, je venais tout juste de recevoir mon sac ATMOS 65AG de OSPREY. Une pure merveille qui se fait oublier !
- nous avons décidé d'être autonomes et aurions pu nous arrêter n'importe où en cas de besoin. Il était pour nous hors de question de dormir dans les refuges, par crainte des puces de lit !

Jour 1 : 6 août 2017
Calenzana - Orto di u Piobbu
Lever aux aurores, ma fille Caroline et son ami Marco nous conduisent en voiture au village de Calenzana, point de départ du GR20 sens Nord-Sud.
Départ d'Ajaccio à 6h30, et départ pour le GR20 à 09h40.

En cours de route, à la fontaine de la maison forestière de Vizzavona où je sais l'eau excellente, nous faisons le plein de nos Camelbak. Nous discutons avec quelqu'un qui fait le plein de dizaines de bouteilles pour sa mère qui habite Ghisonaccia... Valentin (il est fou de montres...) remarque sa Rolex Submariner Gold... 
A Calenzana, il fait déjà plus de 30°C et des incendies font rage ... Un arrêté préfectoral interdit la circulation dans le massif de Bonifatu.. Nous décidons de passer outre... Je sais, ce n'est pas bien, mais il y a prescription...
Nous rasons les murs et nous faisons discrets sur le chemin du départ... Quelques photos sous le panneau du départ, quelques gobelets bus à la fontaine juste à côté pour nous rafraîchir et il est temps de partir. Nous nous engageons alors dans la montée très longue (+1360m) vers le refuge d'Ortu di u Piobbu. Dés les premières centaines de mètres, la sueur coule à flot.. Nous arriverons d'ailleurs totalement trempés et je n'ai que très rarement autant transpiré que ce jour là !
Peu après le départ, nous buvons à nouveau quelques gobelets à une petite source, la seule que nous rencontrerons sur tout le parcours. Nous doublons un groupe de 7 français qui semblent être déjà en difficulté et qui arriveront très tard le soir alors que nous avons déjà mangé ! Irons t-ils beaucoup plus loin ?
A 12h40, nous faisons une pause casse-croûte de 30 min à Bocca a u Saltu (1250 m) d'où repartent un couple d'Italiens. Beau panorama sur les massifs environnants, Monte Grossu, Punta Radiche.
Peu après notre reprise, nous dépassons les Italiens ainsi que 2 Australiens, père et fille.

Par endroits, il faut s'aider des mains et passer dans des roches pentues. Valentin souffre de la chaleur et de crampes et nous nous arrêtons à l'ombre d'un arbre et je lui masse les jambes avec de l'huile à l'Arnica. Il repart après une petite pause et finira en pleine forme.
Les Canadairs et Trackers tournent toujours au loin, mais nous nous éloignons du foyer. Arrivés sur la crête du Fucu (1600m), nous apercevons au loin le refuge, mais il faut encore faire le tour de la vallée pour y arriver. Nous suivons donc une longue piste en courbe de niveau et un dernier raidillon avant d'atteindre Orto di u Piobbu (1520m) à 16h00. Pas mal, compte-tenu des conditions !

Montage de la tente, préparation du couchage, douche, lessive et casse-croûte. Ce sera désormais notre lot quotidien.
Nous prenons une Pietra avec les Australiens qui sont arrivés longtemps après nous. Nous apprenons que la fille travaille à Londres et que ce GR20 doit lui valider un échelon à son diplôme de monitrice Scout... Elle note tout scrupuleusement sur un cahier et planifie tout. Le père l'a rejoint depuis l'Australie où il s'est entraîné dans les collines avoisinantes. Les montagnes corses risquent de le changer...

Je suis surpris par le peu de monde au refuge et au bivouac. Y aurait-il un désintérêt pour le GR20 ?
 
Nous assistons à un magnifique coucher de soleil, et dodo de bonne heure... Dans notre dos, le Monte Corona (2144 m)

Valentin m'avouera bien plus tard qu'il a failli abandonner dans la montée. Il a serré les dents et ne s'est jamais plaint !

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Jour 2 : 7 août 2017
Orto di Piobbu - Asco
Réveil 06h00 - départ 07h30

Démontage de la tente, petit déjeuner, rangement du sac... nous prenons nos marques.
Les Australiens sont déjà levés et travaillent à la lampe frontale !

Nous faisons le plein d'eau à la source (il n'y a aucun autre point d'eau jusqu'à Carruzu) et nous brossons les dents. 2 chapeaux identiques aux nôtres ont été oubliés et nous voyons arriver un randonneur qui a fait demi-tour pour venir les récupérer. Le sentier grimpe tout de suite, chemine ensuite dans la forêt, redescend et passe par les bergeries ruinées de Mandiraccia. Nous doublons les Australiens dans les éboulis au pied des aiguilles de Falcone et nous ne les reverrons plus. La montée vers Bocca di Pisciaghjale (2020 m) est assez longue (+500 m) mais sans grande difficulté technique. Ici commence la partie minérale du GR20 et nous sommes alors au pied du Capu Ladroncellu (2145 m). Juste après, nous descendons vers Bocca Avartoli (1898 m) et Bocca Innuminita (1865 m) où nous arrivons à 11h20. Le Capu Ladroncellu (2145 m) et la Punta Ghialla (2085 m) nous dominent.  Le panorama est comme dans mes souvenirs, magnifique !
Valentin pète la forme et attaque à fond la longue descente (-690 m) vers Carruzzu pourtant très pénible avec ses éboulis. Ça fait plaisir de le voir en forme après l'alerte de la veille !
Nous doublons beaucoup de monde qui souffre dans cette descente et arrivons au refuge de Carruzzu (1270 m) à 12h10. 

Nous prenons un gobelet de Sportdej et nous nous hydratons bien. Sportdej est une collation énergétique sous forme de poudre qu'il faut mélanger à de l'eau. Elle apporte énergie et mélangée à Regeprod, elle permet une bonne récupération. Nous en avons été satisfaits tout au long de notre périple.
Nous sommes en pleine forme et décidons alors de continuer vers Asco. Nous refaisons le plein d'eau qui est malheureusement tiède et semble de mauvaise qualité. Nous n'avons pas le choix, car il n'y aura plus aucun point d'eau jusqu'à Asco...
Peu de temps après, nous passons la passerelle de la Spasimata où coule vraiment peu d'eau, pas assez pour contenter les touristes venus pour s'y baigner. La grimpette vers le lac di a Muvrella est longue et pénible, car il fait très chaud. Nous discutons avec un couple de jeunes Lyonnais qui semblent prendre leur temps... Au lac, nous faisons une longue pause d'une heure avec thé chaud et gâteau breton, petite sieste le temps de se faire piquer par je ne sais quel insecte...
Un traileur néerlandais avec équipement minima nous rejoint, il est parti de Calenzana le matin et comptait faire 4 étapes mais revient à la dure réalité, il s'arrêtera à Asco !
Il se baigne et boit l'eau du lac à l'aide d'une grosse "paille" qui permet de stériliser jusqu'à 1000 l d'eau..

Un couple de jeunes Alsaciens aperçus à Orto di u Piobbu (celui qui était venu chercher les chapeaux) nous rejoignent et repartent avant nous. Nous les voyons grimper et jugeons alors de ce qu'il nous reste à accomplir ! Les jeunes Lyonnais arrivent juste au moment où nous repartons ! Ils ont effectivement pris tout leur temps. La jeune fille semble être à la traîne...

A Muvrella (2148 m) nous domine et nous apercevons Bocca a Muvrella (1980 m). Derrière, encore invisible, le col Bocca di Stagnu (1980 m) qu'il nous faudra également franchir ... Vivement ce soir !
Nous avalons cette montée sans problème et arrivons à Bocca di Stagnu d'où nous voyons la station de ski et le refuge d'Asco. Nous téléphonons à l'hôtel pour réserver une chambre, mais on nous rassure car il y en a encore pas mal de libres. 

La descente est longue et me rappelle ma chute à cet endroit il y a 6 ans. Prudence donc ! Le Néerlandais nous rejoint mais a beaucoup de mal à descendre, il a mal aux genoux et nous le semons...
Arrivée à Asco (1422 m) vers 19h00 en même temps que les Alsaciens (Camille et Adrien) partis bien avant nous. Nous décidons tous de prendre la demie-pension à l'hôtel "le chalet".
Les chausses neuves de marque HAN WAG de Valentin ont une semelle qui se décolle déjà ! Pourvu qu'elles tiennent le choc ! Plus tard, nous nous apercevrons que la garniture au niveau du tendon d'Achille se décolle et provoquera un début de tendinite ! Pas terrible pour une paire de chaussures à 250 € !! Wo ist die deutsche Qualität ?

Chambre rénovée, propre et bonne literie, douche chaude, hmmm. Il fait cependant très chaud dans la chambre... Lessive et étendage du linge devant la fenêtre ouverte qui ne ramène pas vraiment de fraîcheur.
Ici le bivouac et la terrasse du restaurant sont pleins ! Il s'avère que beaucoup n'ont pas bravé l'interdiction de circulation dans les massifs et ont démarré leur GR20 à Asco ! Ce qui explique le peu de monde croisé entre Calenzana et Asco.
Pietra bien fraîche + excellent dîner en commun avec nos 2 Alsaciens Camille et Adrien au restaurant. Repas copieux et de bonne qualité pour le menu 1/2 pension. Le lendemain, d'autres randonneurs nous diront avoir été déçus par les plats à la carte..

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Jour 3 : 8 août 2017
Asco - Bergeries de Ballone
Réveil 06h00 - départ 07h20

Nuit correcte sans plus, il faisait chaud dans la chambre, malgré la fenêtre ouverte. 
Petit déjeuner de rois à l'hôtel ! Buffet à volonté, charcuterie, fromage, salade de fruits, etc, etc... Le pied ! De quoi partir en bonne forme. Dormir à l'hôtel a été une excellente idée au vu des 2 étapes de la veille et celle qui nous attend et décrite comme très difficile.

Au moment de faire le plein d'eau, celle-ci coulait marron au robinet de l'hôtel ! Par la fenêtre, je vois d'autres randonneurs dubitatifs devant la fontaine à côté de l'hôtel. Le problème semble donc être général.
Le patron nous explique qu'un "con" a ouvert une vanne et a vidé la citerne. Il nous conseille de prendre de l'eau à la source qui se trouve dans la forêt 10 min après le départ. Par sécurité, nous remplissons quand même nos Camelbak à l'hôtel avec l'eau qui était redevenue claire mais avec un léger dépôt au fond.
La source trouvée plus loin coule mais ne produisait qu'un filet et il a fallu du temps pour faire le plein. Un groupe arrive juste après nous, c'est l'embouteillage... Nous avons évité la cohue. Ouf !

Après une partie plate le long du ruisseau de Tighiettu nous passons une passerelle, puis quelques passages sur dalles dont certaines équipées de chaînes, mais rien de méchant (pour nous, mais pas pour certains). Vient ensuite la longue montée (heureusement à l'ombre) pour arriver à Bocca Borba (2207m). Je suis en mauvaise forme, je m'arrête souvent pour de courtes pauses et je serre les dents. Les 2 étapes de la veille ont laissé des traces... C'est là qu'il faut un moral et une volonté à toutes épreuves ! Valentin va bien, cavale devant et m'attendra souvent... Il est plein de ressources et l'absence d'entrainement ne semble pas l'affecter.. C'est beau la jeunesse !
Juste après le col, nous arrivons au lac d'Argentu qui est minuscule, tout au plus une mare... 
La montée vers la pointe des éboulis (2607 m) est longue et parfois pénible, je traine, je traine... Dans la montée, nous voyons un aigle majestueux qui nous offre un beau spectacle ! Une belle récompense qui fait oublier tous les efforts. Une copie de Lara Croft nous double, short et tee-shirt moulants, même chevelure, il ne lui manquait que les armes ... ;-)
Après une montée de +1185 m depuis Asco, nous arrivons à 12h10 à la pointe des éboulis qui nous offre un beau panorama sur la vallée du Niolu et tous les massifs environnants. Petit goûter, et des moineaux viennent manger dans la main de Valentin qui est aux anges.
Nous renonçons à faire un détour pour aller jusqu'au "toit de la Corse", le Monte Cintu (2706 m).. Je l'ai déjà fait à plusieurs reprises et pour Valentin, ce sera l'occasion de revenir !

Nous repartons et après un passage en crête dans des pierrers de couleur rouge qui font des bruits de glaçons quand nous marchons dessus, nous découvrons le lac du Cintu en contrebas. Arrivée à Bocca Crucetta (2452 m) à 12h46 et ensuite descente longue et pénible qui finit par longer le ruisseau de Crucetta jusqu'au refuge de Tighjettu (1683m) atteint à 15h00. Nous y retrouvons nos amis Alsaciens et y achetons des Coca bien frais et des sachets de pâtes en sauce que nous mangeons froids. Pas mauvais quand même et quand on a faim, tout est bon !

Rapide descente vers les bergeries de Ballone (1423 m) atteintes à 16h15.
Nous installons notre tente au même emplacement que j'avais utilisé il y a 6 ans ! Souvenir, souvenir ... Suit le rituel habituel, goûter, douche, lessive. Une Pietra prise au refuge et une discussion avec une Madame je sais tout" sur les puces de lit" plus tard, nous allons nous baigner dans la rivière Viru. Quel bonheur après une journée de marche ! C'est là que nous nous rendons compte des ravages faits dans l'eau par les restes de crème solaire sur la peau ! Une pellicule recouvre immédiatement toute la piscine naturelle... pauvres truites...

Dîner pris à la bergerie en compagnie des Alsaciens Camille et Adrien. L'omelette à la menthe tant vantée par certains randonneurs ne tient vraiment pas sa promesse, le fromage est hyper-salé et nous fait boire des litres d'eau et un peu de vin piquette ! Bof... Seule la solide dose de Casanis mérite d'être retenue. Des Italiens ont une gourde de Genépi et nous en offrent un peu. Quel courage de trimballer ça ! 
Malgré tout, une bonne soirée dans un cadre magnifique.

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Jour 4 : 9 août 2017
Bergeries de Ballone -> Vergio
Réveil 06h00 - départ 07h20

Nous ne savons pas encore si nous allons doubler les 2 prochaines étapes aujourd'hui, car nous sommes un peu fatigués et la journée s'annonce chaude. Comme tous les matins, nous plions la tente, roulons les tapis de sol et nos duvets, rangeons le linge propre, refaisons nos sacs, préparons notre petit déjeuner, brossons nos dents et remplissons nos Camelbak...
Pas plus que les autres jours, aucune douleur ni raideur au réveil. Signe que nous nous hydratons et alimentons bien !
Les premiers pas en sous-bois nous confirment qu'il fait déjà chaud. Valentin récupère du réseau (SFR, moi nada avec Orange) et en profite pour donner des nouvelles à la terre entière, ce qui entrainera pas mal de petites pauses. Dans la longue montée vers Bocca Foggiale, nous sommes obligés de faire une pause Sportdej. La montée raide est une succession de passages sur dalles, rochers et sentiers sinueux. Arrivée à Bocca Foggiale (1962 m) à 10h00, nous sommes alors au pied de la Paglia Orba et du Capu Tafunatu. Nous y retrouvons Camille et Adrien partis avant nous, ils sont à l'abri derrière un muret de pierres car le vent souffle fort.
Nous repartons ensemble car ils veulent nous suivre pour éviter le refuge de Ciottulu di i Mori (1991 m). Nous coupons depuis le col pour rejoindre le GR20 bien en contre-bas par les bergeries de Tula.

Dans la descente, je vois arriver un cavalier à cheval avec une mule et du ravitaillement. Je préviens Adrien de ne pas prendre de photo car je crois deviner de qui il s'agit.
Arrivés à sa hauteur, il répond d'un "Salute" tonitruant à notre bonjour et lorsque Camille sort son iphone, il la menace "Madame, non !". J'en suis maintenant certain, nous venons de croiser le fameux M. Geronimi du refuge de Ciottulu di i Mori !

Nous prenons un Coca aux bergeries de Radule où la passerelle a été emportée cet hiver. Mais aujourd'hui, il y a vraiment peu d'eau dans la rivière et les vasques... Nous croisons pas mal de touristes qui cherchent désespérément les cascades de Radule pour s'y baigner, car ils pensent trouver de belles cascades et piscines... Cette année est la plus sèche jamais connue en Corse !
Nous repartons vers Vergio (1390 m)  que nous atteignons à 13h40. Camille et Adrien nous offrent un repas lyophilisé, par ailleurs succulent. (marque M3X). Nous avalons avec plaisir des bouteilles d'Orezza bien fraîches.

Ils décident de continuer vers Manganu malgré la chaleur alors que nous décidons de rester pour nous reposer. Pour ne pas leur casser le moral et dés qu'ils sont partis, nous nous offrons une glace Magnum... Quel plaisir !
Nous traînons à monter notre tente à l'ombre sous les pins, petite sieste, douche, lessive et donner des nouvelles, Instagram, etc.... Ne rien faire est bien agréable aussi.
 
Le soir venu, nous allons vers le restaurant "Castel di Vergio" pour y prendre le dîner. Nous ne voyons personne en terrasse et dans la salle et faisons demi-tour, pensant qu'il est fermé. Anne, l'épicière du gîte, nous rassure et nous confirme qu'il est ouvert. Nous y retournons et découvrons à l'autre bout de l'hôtel une salle presque pleine ! On nous installe et il s'avère que c'était la dernière table disponible ! Une chance, car le repas est excellent : soupe corse, entrecôte et Fiadone.
Tout le personnel est polonais !

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Jour 5 : 10 août 2017
Vergio -> Petra Piana
Réveil 05h45 - Départ 07h10

Après une bonne nuit à la fraîche, nous traînons un peu... Valentin va prendre une douche et moi j'ai un dérèglement intestinal... Nous découvrons un randonneur qui a passé la nuit assis sur un banc et emmitouflé dans son gros duvet...
Nous avons prévu de doubler les 2 prochaines étapes si notre forme nous le permet, l'étape vers Manganu étant longue mais facile.
Début d'étape relax au travers de la forêt et petite montée vers le col St Pierre (1452 m) atteint après 1h10. Le ciel est gris et nous entendons le tonnerre gronder au loin où les nuages sont noirs, ça semble venir du Rotondo, Monte d'Oro.
Nous doublons pas mal de monde car nous pressons le pas pour éviter la pluie... Quelques gouttes tombent, mais sans conséquence.
Bocca a Reta (1883 m) est atteint à 09h35 et la vue sur le lac de Ninu est dégagée, ici aussi il y a peu d'eau... Arrivée à la fontaine de Ninu à 09h55, instinctivement nous suivons le vieux tracé du GR20 que je connaissais et nous voyons pas mal de randonneurs suivre le nouveau tracé qui passe de l'autre côté du lac. C'est curieux ! Il passe maintenant au pied des bergeries des Inzecche. Hasard ou pas ?

Dans la forêt, quelques grosses gouttes nous font nous abriter sous un gros hètre et nous arrivons aux bergeries de Vaccagja (1621 m) à 11h20 puis à Manganu (1600 m) à 12h00 après avoir traversé le plateau du Camputile. Nous y prenons des Coca et une omelette aux oignons. Le gardien avec qui nous discutons vient de Cuttoli et non d'Orto ou Soccia..
Mon œil d'apiculteur me fait remarquer des abeilles qui butinent ce qu'il reste de sucre sur les canettes de soda dans la poubelle. Elles doivent souffrir de faim avec cette sécheresse qui dure ! Elles sont totalement noires, avec des tomentum très étroits. Peut-être de vraies abeilles noires pas encore touchées par les croisements du fait de leur isolement ?
Valentin croit apercevoir une candidate de "The island".. Moi, je ne connais même pas cette émission.

Nous repartons à 12h30 pour Petra Piana en attaquant la longue montée difficile vers Bocca alle Porte sans faire de pause à part les photos, et discuter avec ceux que nous croisons. Nous sommes en grande forme, notre décision de ne pas doubler la veille, le repos et le bon repas nous ont manifestement fait du bien !

Nous voyons des gros nuages sur les sommets, mais les randonneurs croisés nous rassurent, il fait beau de l'autre côté. Tant mieux, car rater la vue sur les lacs de Capitellu et Melu aurait été dommage. Bocca alle Porte (2220 m) est franchie à 14h30, un petit vent souffle mais la vue est superbe ! Ouf ! La lumière est parfaite malgré quelques nuages et la vue porte loin.
La descente est assez technique avec des passages difficiles dans des couloirs étroits ou des gros éboulis. Certains serrent les fesses !

Nous passons par la brèche de Capitellu et Bocca a Soglia (2052 m) puis restons en crête d'où nous apercevons des villages que nous n’arrivons pas à situer (en fait il s'agissait de Guagno et Orto). Nous quittons la crête pour bifurquer vers Bocca Muzzella pour passer sur de gros rochers qu'ils faut franchir en sautant de l'un à l'autre. Puis vient la belle montée qui nous offre une vue sur le lac de Rinoso. A bocca Muzzella (2210 m) le panorama est superbe et j'en pleure... Est-ce l'émotion et/ou la fatigue ?
Un magnifique troupeau de chèvres nous croise dans la descente et quand nous apercevons le refuge de Petra Piana, nous sommes heureux, mais il reste encore quelques kms.

Au refuge de Petra Piana (1842 m) atteint à 17h30, nous retrouvons nos Alsaciens qui sont contents de nous revoir. Eux avaient doublé la veille mais pas aujourd'hui. Beaucoup de monde et des tentes les unes contre les autres... Le gardien est toujours aussi peu accueillant et râle pour tout et n'importe quoi !
Malgré le monde, nous trouvons un bon emplacement plat suffisamment grand pour notre tente, mais assez éloigné et exposé au vent qui souffle assez fort. Nous commençons par utiliser les pierres qui sont sur notre emplacement pour consolider le muret tout autour.
Pour la 1ère fois, nous tendons toutes les cordes de notre tente. 

Pour nous requinquer, nous commandons le repas du refuge (Panzetta grillée, lentilles et pêches au sirop) livré à 18h30 et nous nous installons dans le refuge où nous mangeons avec Camille et Adrien et tout un tas de monde venu se réfugier du vent. Dehors, il fait vraiment trop froid. A la table, nous discutons avec des randonneurs et il s'avère qu'ils ont été pris en stop par Marco et Caroline entre Calenzana et Calvi ! Eux ont dû démarrer leur GR20 à Asco pour ne pas braver l'interdiction de circulation à Calenzana.
2 petits chats noirs nous ont pris en affection et s'installent sur nos genoux alors qu'il y a une vingtaine de personnes... Ils ont dû reconnaître les Corses.

La douche d'un autre âge est glacée et Valentin crie au meurtre ! Je lave notre linge dans le vent et à l'eau très froide pendant qu'il s'abrite du vent. (quelle chochotte !) La corde à linge est tendue entre 2 rochers et surélevée à l'aide de nos bâtons de marche. Le vent est fort et le linge claque au vent.

Au lit à 20h00 ! Le vent souffle de plus en plus fort, il fait froid et la nuit promet d'être agitée.
Un pipi dans la nuit me fait découvrir un brouillard épais et toujours beaucoup de vent. 

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Jour 6 : 11 août 2017
Petra Piana -> Vizzavona
Réveil 06h00  - départ 06h50

Nous avons passé une très mauvaise nuit et nous avons de drôles de têtes au réveil ! Durant le nuit, le vent a soufflé très fort et il a plu, la tente a été bien secouée et certains arceaux sont même un peu tordus. Nous nous réveillons dans le brouillard et le vent. Nous ne voyons même pas le refuge !
Tout est rempli de poussière, la tente, nos sacs, nos chaussures, etc... Notre linge resté sur la corde à linge toute la nuit a souffert, une serviette s'est déchirée et est retrouvée plus loin, l'autre est toute éfilochée d'avoir flotté au vent et tout le linge est trempé !
Nous remballons tout en catastrophe dans des sacs en plastique - la tente et la corde à linge avec le linge encore accroché par des épingles de sureté - et partons vite fait !
En passant au bivouac, nous constatons que nous ne sommes pas les seuls à avoir le visage qui porte les stigmates de la mauvaise nuit !!

Nous abandonnons l'idée de passer par les crêtes et donc de doubler les étapes aujourd'hui, le vent est trop fort et on n'y voit rien. Ce serait dangeureux de passer par la variante alpine qui longe la crête de Serra Bianca et les Pinzi Corbini. Nous descendons donc vite fait dans la vallée et sitôt la crête passée le vent tombe soudainement. Nous nous arrêtons aux bergeries de Gialgo (1609 m) où nous déballons nos sacs à l'abri du vent. Nous rangeons tout et prenons notre petit déjeuner, thé chaud, gâteau breton et Sport'Dej. Nous voilà mieux !

Adrien et Camille arrivent peu après et repartent avant nous. La descente vers les bergeries de Tolla en longeant la rivière Manganello se passe bien, et nous sommes surpris de la quantité d'eau qui coule de partout et les piscines naturelles sont pleines d'une eau limpide. Le chemin de transhumance construit pas les anciens est une merveille. Sur des kms, ils ont monté des murs de soutènement et pavé le sentier avec des pierres et rochers parfois énormes ! Par moment, un vent fort en rafale descend des sommets, mais rien à voir avec le vent en crête. 
Nous doublons quelques groupes dont une bande d'énergumènes, une des femmes est vêtue de serviettes roses... On voit de tout sur le GR20 !

La descente est longue (-850 m) et les bergeries de Tolla (1011 m) sont atteintes à 09h30. A partir de la passerelle de Tolla, la montée vers l'Onda (+370 m) est sans difficulté sauf une petite erreur de navigation qui nous fait perdre le sentier du GR20. Le GPS nous indique que les 2 sentiers sont parallèles et celui que nous empruntons est bien nettoyé et semble plus à l'abri du vent que le GR20... Curieux.
Ceux que nous croisons nous donnent des temps des plus farfelus pour arriver à l'Onda, de 30min à 1h30 !! Nous en rigolerons...
Arrivée à l'Onda (1385 m) à 11h07, nous constatons qu'ici aussi le vent a soufflé car une tente s'est retrouvée dans la forêt.. Nous retrouvons nos Alsaciens attablés devant un café. Le refuge est bien tenu, l'emplacement du bivouac est clôturé et arrosé, de sorte qu'une belle herbe verte y pousse. On nous a par la suite loué les fameuses lasagnes au Brocciu maison de ce refuge, dommage nous n'y goûterons pas !

Nous discutons avec le gardien et un employé du parc qui est en randonnée. Il s'avère qu'il a fait la cueillette des olives pour quelqu'un d'Arbori que nous connaissons !

Nous avalons une excellente omelette au fromage et 2 Liptonic et nous repartons à 12h00 après avoir décidé de doubler l'étape avec nos amis alsaciens et de passer par les crêtes malgré le vent qui semble encore souffler fort au vu des nuages qui passent vite. L'autre option aurait été de redescendre aux bergeries de Tolla et de passer par Canaglia ! Hors de question pour nous quatre, "nous faisons le GR20" !

Arrivés sur les crêtes, un vent très fort et glacial nous accueille... Je peine un peu, la fatigue se fait sentir et je suis à la traîne. Adrien reste derrière moi pour fermer la marche.
Nous avons par moment du mal à tenir debout. Après une courte pause à l'abri du vent, nous continuons notre grimpette jusqu'à Bocca Muratella (2020 m) atteint à 14h05. De l'autre côté, vers Vizzavona, le temps est plus clément et le vent nettement moins fort. 
La descente interminable est interrompue par une petite pause pour avaler un Risotto et du Taboulé. Il fait froid et le thermomètre de mon téléphone indique 12°C, la température ressentie avec le vent est bien moins élevée car nous grelottons !
Nous croisons plusieurs randonneurs qui commencent leur GR20 depuis Vizzavona, certains très tardivement alors que nous dépassons déjà la cascade des Anglais... Ils n'écoutent pas nos conseils et ont du souci à se faire !

Arrivés à Vizzavona, l'hôtel dans lequel nous espérions un bon repos est complet... L'autre hôtel n'a plus qu'une chambre à 150€  dont aucun de nous ne veut... Il ne reste donc que la solution du bivouac vers lequel nous nous dirigeons. C'est alors que je reconnais Émile, l'épicier que j'aborde et qui me conseille de ne pas y aller. Il appelle le camping "Le soleil" de Tattone qui vient nous chercher en navette.
Quelle bonne idée !! Pour le même prix, nous avons droit à tout le confort d'un vrai camping : terrain plat ombragé, eau chaude, sanitaires propres, lave-linge, sèche-linge, micro-ondes, etc... Nous en profitons pour laver et sécher tout notre linge trempé et sale pendant que nous allons manger une excellente pizza en compagnie de Camille et Adrien ainsi que de ma fille Caroline et Marco qui nous ont rejoints avec un peu de ravitaillement. Nous passons une bonne soirée.
Nous faisons nos adieux à Camille et Adrien qui s'arrêtent ici et prendrons demain le train pour Ajaccio. Ils feront la grasse matinée alors que nous continuerons vers le Sud.

Nous passons une bonne nuit réparatrice de nos émotions de la veille. Le linge ainsi que la tente sont propres et secs, le tout sans avoir eu à tremper nos mains dans de l'eau gelée... Hummm, quel luxe.

Conseil : fuyez le bivouac de Vizzavona et son racket organisé et préférez le camping "Le soleil" de Tattone. Navette gratuite à 17h30 et à toute heure du matin pour vous ramener au départ du GR20 !

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Jour 7 : 12 août 2017
Vizzavona -> Col de Verde
Réveil 07h00 - départ 08h40

Après un petit "déjeuner complet" bien décevant,  le patron du camping nous amène au départ du GR20. Nous apprenons que le camping était déjà tenu par son grand-père et qu'il a succédé à sa tante qui "était stragna".. J'en profite pour lui dire que tout était parfait hormis son petit déjeuner qui n'était vraiment pas à la hauteur ! Les pizzas, elles, méritent à elles seules le détour.

Très peu de temps après notre départ, dans la forêt, Valentin se plaint d'une douleur au pied gauche. Une petite pause pour ôter les chaussures et refaire les lacets... La montée vers Bocca Palmente (1640 m) à 10h45 se passe sans  autre problème, nous y doublons pas mal de randonneurs tout propres qui commencent leur GR20 Sud. On les reconnait facilement, leurs chaussures et sacs à dos sont propres, ils ont encore la mine fraîche.
Petit arrêt rafraichissement à la fontaine de Palmente (1570 m) à 10h25 dont l'eau est glacée et excellente !
La vue depuis le col nous offre notre premier panorama sur la côte orientale et ses étangs, les îles de l'archipel toscan (Elbe, Pianosa, Monte Cristo) et au fond l'Italie ! Cette vue nous suivra désormais jusqu'au bout du périple.

Dans la descente, Valentin se plaint à nouveau de douleurs au talon d'Achille gauche, mais cette fois plus intenses. Il souffre trop et nous devons nous arrêter. J'appelle mon ami Philippe qui est ostéopathe pour des conseils... Apparemment un début de tendinite dû au frottement de la chaussure sur le talon.
Valentin avale un comprimé d'Ibuprofène et pose un Compeed sur l'irritation. Nous échangeons nos chaussures et tout cela semble faire effet, car il a beaucoup moins mal... Nous ralentissons tout de même le cadence.
Nous rattrapons cependant une jeune femme qui ne trouve plus son chemin et qui vient de commencer son GR20 Sud. "On m'avait dit que c'était difficile, mais je ne trouve pas. C'est plutôt facile."... Elle nous suit le temps de retrouver les marques blanche et rouge . Nous avons à plusieurs reprises pensé à elle par la suite dans les montées ou passages difficiles.. Elle a dû rapidement changer d'avis !

Nous doublons et sommes doublés à plusieurs reprises par un "Bigugliais" et son ami qui vont plus vite qu'une femme avec qui ils randonnent et qu'ils attendent régulièrement. C'est l'occasion de quelques "Magagni" entre Ajaccio et Biguglia.

Au refuge de Capannelle (1586 m) atteint à 13h40, nous avalons un sachet de Taboulé lyophilisé chacun et décidons, malgré la fatigue et la chaleur, de continuer jusqu'à Bocca di Verde. Capannelle qui est aussi une station de ski ne nous plait pas du tout avec ses pistes lunaires et Valentin n'a presque plus mal au talon.

Nous rattrapons rapidement un jeune garçon qui bat énergiquement des bâtons et qui par la suite s'avèrera avoir moins de 13 ans. Il fait le GR20 avec toute sa famille au complet, père, mère, 4 enfants et les 2 petits copains des filles. Nous les rencontrerons souvent sur le reste du parcours. Nous les avons surnommé la famille "Past'asciu"  (Pastachou) du nom d'une troupe de comédiens comiques bastiais...

Sur le plateau de Gialgone (1591 m), nous faisons une petite pause pour rafraîchir nos pieds. Une randonneuse ne retrouve pas la trace et nous cherchons avec elle pour finir par découvrir que le sentier est juste sous nos yeux. Dans la partie Sud du GR, nous constaterons que le marquage laisse parfois à désirer. Dés que nous ne voyons plus le marquage blanc et rouge, nous rebroussons chemin de quelques dizaines de mètres pour refaire un point. Nous aurons à le faire à plusieurs reprises... "Tu as vu les marques ?"

L'eau coule partout dans cette vallée aussi. Il y a de grosses différences d'une vallée à l'autre, celle de Vizzavona est par exemple, en manque d'eau... La passerelle sur le ruisseau de Marmano (1390 m) est franchie un peu avant 18h00, puis vient la grimpette vers le col de la Flasca (1430 m).

Bocca di Verde (1290 m) est atteint à 18h40, nous sommes fatigués mais fiers ! Les derniers kms nous semblaient bien longs... Valentin va beaucoup mieux, mais ses chaussures me serrent un peu.. Je prends sur moi.
Repas au relais, Pietra, crudités + côtes de porc grillées et frites + pomme. Le "maître-rôtisseur" est un original à moustache, mi Sarde- mi Corse qui semble avoir un penchant pour le Ballantines... 

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Jour 8 : 13 août 2017
Col de Verde -> Usciolu
Réveil 06h00 - départ 07h20

Comme tous les matins, petit déjeuner composé de barres de céréales, un bol de Sportdej et un thé chaud.
Les lampes frontales tout autour de nous dans le bivouac font comme des lucioles dans l'obscurité...

Nous partons pour la montée de presque 700 m vers Bocca d'Oru (1840 m) que nous atteignons à 08h50. Nous croisons 2 randonneurs dont l'un arbore un t-shirt "Gendarmerie"... Nous plaisantons sur le risque encouru, il s'avère qu'ils sont également père et fils...La crête au dessus de nous est irisée par la lumière du soleil rasant. Arrivés sur la crête, quel spectacle !! La vue sur toute la plaine orientale, les îles d'Elbe, Pianosa et de Monte-Cristo, l'Italie, le tout baignant dans le soleil levant, nous coupe le souffle !
Si nous avions su, nous serions partis plus tôt pour profiter du lever de soleil... Valentin se promet de revenir pour profiter de ce spectacle !

Le refuge de Prati (1815 m) est atteint à 09h10, nous y faisons une pause et y retrouvons "le Bigugliais" avec ses 2 amis.
Nous continuons notre chemin qui passe par Punta della Cappella (2041 m) puis qui reste en crête et nous permet de découvrir la vallée du Taravo. 

Bocca Laparo (1525 m) est franchie à 12h20. Nous déjeunons en solitaires d'un paquet de lentilles-jambon un peu plus loin à la cabane de Laparo, petite sieste de 10 min. Le col était sur-fréquenté et nous ne nous y sommes pas arrêtés.
Un peu plus loin, nous découvrons l'endroit où le feu de Palneca de la semaine passée a eu lieu, il traverse le sentier du GR20. Certains ont dû avoir chaud et peur !
Nous remarquons des fumerolles importantes versant Fiumorbu et Valentin appelle le 18 pour les signaler, nous remuons un peu la terre et une souche est bien incandescente... Nous y versons un peu d'eau, tout comme le Bigugliais qui nous a rattrapé. Plus loin, Valentin appellera une seconde fois quand nous voyons d'autres fumerolles dans le vert, versant Palneca. On lui répond que c'est normal et qu'il n'y a rien d'alarmant. Soit ....
Le sentier longe la crête et passe de sommet en sommet, au loin nous voyons le Monte Incudine que nous gravirons demain. Nous passons Punta di a Furmicula (1981 m) à 14h45 et continuons vers le refuge d'Usciolu (1810 m) que nous atteignons à 15h35.

Nous nous empressons de trouver un bon emplacement, car les places sont chères... La tente est vite montée, la douche prise dans un endroit insalubre avec des planches pourries pour plancher.

<Coup de gueule ON>
Toutes les eaux usées et les WC attenants se jettent dans le maquis.. Quelle honte ! Mais que fait le parc naturel régional de Corse (PNRC) ? La situation est quasiment la même dans tous les refuges ! Ce manque de traitement des eaux usées pollue gravement les cours d'eau en aval. La situation se dégrade d'année en année, aucun investissement sérieux n'a été fait dans la plupart des refuges. Ce ne sont pas les quelques poubelles pour le tri sélectif et quelques toilettes sèches qui vont assainir nos rivières ! Et il y aurait aussi beaucoup à (re)dire sur le fonctionnement général des refuges et bivouacs ainsi que des "gardiens".... 
Pas étonnant que le PNRC ait perdu son "label parc" depuis 2011 et qu'il n'arrive pas à le récupérer...
<Coup de geule OFF>
Les sanitaires sont loin du refuge et tout le monde souffle pour faire les allers-retours. C'est ce site qui m'a fait maudire mes tongs que j'avais emmenées en 2011 et avec lesquelles j'ai failli me tordre les chevilles plus d'une fois. Cette année, j'ai opté pour des chaussures en toile fermées prévues pour la plaisance (Decathlon), qui par ailleurs sont moins lourdes que des tongs peu solides.

Nous profitons de nos 2 Pietra et 2 Cocas pour discuter avec tout le monde et avalons en commun une grosse assiette de pâtes-carottes-champignons à 10€. 
Alors que la nuit commence à tomber, arrivent encore quelques randonneurs qui semblent au bout de leur vie ! Ils se plaignent de leurs genoux et certains louent les bienfaits de la Gaulthérie qui est l'huile essentielle du genou. Nous en avions aussi un flacon que nous utilisions parfois.

Dodo de très bonne heure et au refuge quelques-uns ont abusé du vin et chantent à tue-tête tard dans la nuit. Le réveil va être difficile pour certains !
Un pipi nocturne nous fait découvrir un ciel étoilé magnifique et .... une improbable guirlande multicolore et clignotante autour de la terrasse du refuge !

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Jour 9 : 14 août 2017
Usciolu -> Asinau
Réveil 06h00 - départ 07h20
 
Réveil difficile pour Valentin qui a un peu de mal à émerger.
Nous avons décidé de suivre le tracé "historique" qui passe par le sommet de l'Incudine et évite le nouveau tracé par les bergeries de Matalza et Croce.
Nous partons avec 3 l d'eau, mais il s'avère que les 2 sources en cours de route (une avant Bocca l'Agnonu et l'autre dans la montée vers les bergeries de Pedinielli) coulent bien... Nous en profitons pour nous rafraîchir en buvant quelques gobelets à chaque source...  A 09h30 nous passons Bocca l'Agnonu (1580 m) qui est l'embranchement entre les des 2 variantes du GR20.

La traversée du plateau du Coscione nous permet de découvrir de jolis ruisseaux et l'Aconit de Corse, plante endémique au plateau et la plus toxique de France ! Les anciens l'utilisaient pour endormir les truites dans les rivières...
Pendant que nous prenons un bain de pieds dans un ruisseau, quelques chasseurs arrivent en 4x4 et à cheval pour aller aux bergeries de Carpicciola. Le lendemain demain 15 août signe l'ouverture de la chasse au sanglier !
La passerelle est franchie à 11h10.

La montée vers l'Incudine n'est pas technique mais longue et il commence à faire vraiment chaud ! Le sentier longe la crête de Foce Aperta et offre une superbe vue sur tout le massif de l'Incudine avec plusieurs sommets à plus de 2100 m. En voyant les apics, on se demande par où peut passer le chemin pour arriver au sommet (2134 m) que nous atteignons à 13h10. Finalement le GR20 contourne la crête et nous amène doucement au sommet où un panorama superbe nous acceuille, on voit toute l'île avec une clarté rare pour un mois d'août. L'Italie et la Sardaigne se dévoilent comme jamais je ne les ai vues ! Ajaccio semble à portée de main.
Un vol bruyant de choucas nous enchante et un courageux vient même manger dans la main de Valentin. Voilà qui valait bien l'effort !
Au loin, nous voyons les randonneurs arriver des bergeries de Croce s'arrêter à Bocca Stazzunara et ne pas prendre le temps de monter au sommet... quelle erreur !
Nous repartons et arrivons à Bocca Stazzunara (2025 m) à 14h05. La descente vers le refuge d'Asinau est certainement la plus raide du GR20 et la prudence est de mise.. Nous avons une pensée pour ceux que nous croisons et qui grimpent !

Nous arrivons à Asinau (1536 m) où le refuge a brûlé et a été remplacé par une grande tente. Il n'y a pas un seul évier sur le site, l'eau est impropre à la consommation comme nous l'ont confirmé quelques randonneurs malades croisés avant le refuge. Des nuées de mouches envahissent tout.... 
Les douches sont bricolées avec du matériel d'arrosage de jardin et l'une d'elle n'a plus de toit. Le pseudo-gardien a une tête patibulaire et je le vois préparer son repas au milieu des mouches. Ce soir, nous mangerons du lyophilisé ! D'ailleurs, son repas très cher ne fait pas recette, il n'y a presque personne au moment du repas alors que les autres refuges font le plein.
D'habitude, nous nous attardons le soir devant une bonne Pietra, mais là, nous nous abstenons comme d'ailleurs presque tous les autres randonneurs !

Nous avalons un sachet lyophilisé de Risotto et un autre de pâtes Carbonara. L'eau est préalablement bouillie et celle à boire est désinfectée à l'aide de cachets.

Seul point positif, la vue superbe depuis l'intérieur de la tente sur les aiguilles de Bavella... Un grand luxe !

Ce refuge d'Asinau est cependant à fuir ! Préférez les bergeries un peu plus bas ou poussez jusqu'à Bavella ou Paliri.

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Jour 10 : 15 août 2017
Asinau -> Conca
Réveil 5h30 et départ 6h30

Réveil matinal, car la journée s'annonce longue. Nous avons passé une bonne nuit et le démontage de la tente s'effectue à la lampe frontale. Une offrande dans les toilettes sèches finit par me dégoûter définitivement de ce refuge !

Nous avions décidé la veille de partir de bonne heure afin de doubler les deux dernières étapes et avons prévu d'arriver à Conca en fin d'après-midi vers 17h-18h, heure à laquelle Marco doit venir nous chercher depuis Ajaccio. Nous avions également choisi la version alpine de Bavella qui ne doit pas être ratée, plutôt que la version "facile" qui contourne le massif des aiguilles de Bavella.

Après 1h15 de descente pendant laquelle nous doublons plusieurs groupes (dont la famille Pastachou partie aux aurores) , nous arrivons à l'embranchement du sentier balisé de 2 traits jaunes (env. 1370m) indiquant la variante. La montée raide par moment se fait de façon régulière sans difficultés techniques et nous l'avalons sans pause, à part pour contempler les panoramas et prendre des photos.
Nous sommes presque surpris d'être déjà arrivés au point culminant (1662m) à 08h30 et apercevons au loin Janne le jeune Allemand avec qui j'ai discuté depuis 2 jours, perché sur un rocher. Il repart avec nous, mais nous laisse rapidement car nous nous arrêtons (trop) souvent pour discuter avec plusieurs randonneurs..
Les panoramas sont superbes, la vue fantastique, on voit très bien la Sardaigne, l'Italie et tout le Sud de la Corse.

La descente est bien plus technique que la montée avec des passages où il faut s'aider des mains, notamment une grande dalle très pentue qui est équipée de chaines. Nous aidons un couple de jeunes promeneurs tétanisés qui n'osaient pas descendre. Le sentier grimpe et redescend plusieurs fois au travers des aiguilles.
Nous croisons encore beaucoup de randonneurs, traileurs partis pour la journée. Ils sentent la crème solaire, sont propres sur eux et ont des shorts à fleurs... Nous devons leur sembler "pouilleux"..

Après Bocca di u Truvone (1334m), nous commençons à apercevoir le col de Bavella (1218m) que nous atteignons sans problème à 10h00. Nous sommes presque "dégoûtés" de voir toutes ces voitures, bus, et tout ce monde... J'avais eu la même sensation 6 ans plus tôt.
Nous nous arrêtons dans une épicerie-snack où la patronne nous fait exceptionnellement des sandwiches pour lesquels elle est partie chercher du pain au restaurant en face. Nous avalons 2 Liptonic chacun... En discutant avec elle, il apparaît qu'elle travaille à la mairie d'Ajaccio et a eu à traiter la demande de job d'été de ma fille Caroline... Le monde est petit.

Nous repartons pour le refuge de Paliri en compagnie d'un randonneur Chtimi que nous croisons depuis quelques jours et qui lui a préféré éviter la version alpine de Bavella. Le sentier commence par descendre pas mal vers le ravin de Cannone (<1000m) et regrimpe vers Foce Finosa. Dans la montée, Valentin et moi sommes encore en pleine forme et je presse le pas. Le Chtimi est au bord de l'explosion, souffle fort mais tient bon. Nous croisons un groupe de 4 randonneurs dont la dernière, accrochée au sac de son copine devant, est aveugle. Ils ont prévu de faire le GR20 en entier... Nous leur souhaitons bonne chance, mais doutons de la faisabilité.
Au col Foce Finosa (1206m) 11h25, nous rejoignons Janne qui passe devant et nous "tire" jusqu'à Paliri (1040m) où nous arrivons à 12h10. Le Chtimi s'écroule en arrivant à la douche de Paliri, seul endroit avec de l'eau potable ! Nous ne le reverrons plus...
Nous dévorons nos sandwichs, et j'offre un Coca frais à Janne qui fait le GR20 avec un budget minimum d'étudiant, c'est sa 1ère boisson fraîche depuis le début !  Il dévore le reste du pain de nos sandwiches avec une boîte de sardines 1er prix... Il a ramené tous ses repas lyophilisés pour 15 jours depuis l'Allemagne ! 
Nous sentons la différence de l'air qui est plus chaud et humide que lors des précédentes étapes, nous perdons en altitude et nous rapprochons du littoral ! Nous repartons tous les trois vers 13h et suivons Janne et son train d'enfer. Ce petit gars a une cadence de pieds toujours régulière et rapide malgré son sac à dos qui est bien plus lourd que les nôtres. Quelle énergie !

La descente jusqu'à Conca est longue et la chaleur étouffante nous fait souffrir, surtout des pieds. Nous devons nous arrêter à plusieurs reprises pour desserrer mes chaussures et laisser nos pieds respirer. Les ruisseaux sont à sec et pas moyen de se baigner ni même de tremper nos pieds. La descente est entrecoupée de "petites" montées vers bocca di Monte Bracciutu, bocca di u Sordu, bocca d'Usciolu qui ont le don de mettre nos nerfs à rude épreuve ! Le filet d'eau de la source à côté des ruines de Cappedu (852m) nous offre un petit répit...
L'arrivée à Conca (220m) se fait à 17h05 !

Un passage à l'église pour y allumer une bougie en remerciement pour avoir veiller sur nous, une tournée de Pietra + Orezza au gîte et il est déjà l'heure de repartir, Marco arrive pile à l'heure pour nous ramener !

Ces 10 jours sont passés comme une traînée de poudre et ont permis de mieux nous connaître individuellement et l'un l'autre. Une belle expérience humaine et physique...
Le lendemain, nous aurons les pieds enflés et comme anesthésiés pendant quelques jours, seules séquelles de notre périple et surtout de la dernière journée. Nous n’avions rien ressenti les jours précédents ! Pas d'ampoules, ni douleurs ou blessures, pas de casse matériel à part mes bâtons qui ont fini dans une poubelle à Conca.
Fin d'une belle aventure...

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Conseils :
Vous retrouverez mes conseils dans cet article : Le GR20 - préparation et conseils